
Doula, de mère en fille
Doula, de mère en fille
Katie a eu 3 enfants. Moi, j’étais sa première. Nous habitions en Outaouais pendant la plus grande partie de nos vies. Maintenant, je suis à Montréal et elle est sur la Côte-Nord, sa région natale.
Quand j’étais jeune, ma mère me racontait souvent l’histoire de ma naissance. Je sais que dans le stationnement de l’hôpital Général d’Ottawa, en contraction, ma mère a demandé une cigarette à mon père. Elle avait arrêté de fumer pendant la grossesse, mais rendu là, j’étais prête et elle ne s’endurait déjà plus.
Je ne pense pas que c’était un accouchement facile. Ça a été très long et malgré les longues marches qu’elle prenait dans les corridors, ça avançait très tranquillement. Après plus de 36 heures à l’hôpital, Katie a eu une péridurale et quelques heures plus tard, je suis née. Il parait que j’étais belle à ma naissance. Il parait que toutes les infirmières de la maternité sont venues voir le beau bébé qui venait de naitre. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est elle. Même si ça semble avoir été une expérience difficile, elle en a toujours parlé avec le sourire dans les yeux. Jamais de façon négative.
Je connais aussi l’histoire de naissance de ma sœur et de mon frère. Ma mère a toujours eu un grand respect pour l’accouchement. Une grande amie à elle est aide-natale à la maison de naissance de Gatineau, depuis son ouverture. Un jour, ma mère s’est jointe à l’équipe. Elle a été aide-natale pendant un moment, à Gatineau aussi. Je me souviens que nous avions un tableau en forme de cœur, accroché dans le salon. À chaque fois qu’elle revenait d’une naissance, elle écrivait le prénom du bébé et son poids, en craie rose pour une fille et en bleue pour un garçon.
Elle m’a dit avoir eu la chance d’assister à plusieurs naissances pour une aide-natale, qui arrive plus souvent qu’autre chose, après la naissance. Les sages-femmes l’aimaient bien et la demandaient souvent. Elle aurait assisté à plus d’une cinquantaine de naissance en moins de deux ans.
Quand ma petite sœur a eu son fils, il y a 6 ans, j’ai eu mon déclic pour la profession et ma mère a assisté à la naissance de son petit-fils. C’est elle qui a dit à ma sœur d’appeler la sage-femme parce qu’elle était en travail TRÈS actif. En effet, je devais assister à la naissance moi aussi, mais par le temps que je les rejoigne, mon neveu était déjà né.
Quand j’ai commencé ma carrière d’accompagnante à la naissance, j’ai fait un appel autour de moi pour recueillir des photos d’accouchement, de grossesse ou d’allaitement. Ma tante m’a envoyé des photos de son accouchement, d’il y a 25 ans. Étant photographe, son mari prenait des photos et à ma surprise, ma mère était là. Elle ne m’avait jamais raconté cette naissance. Elle est allée accompagner sa sœur qui donnait naissance à son tour.
Sur ces photos, elle a mon âge et nos visages se ressemblent. Nous partageons la même expression.

Je n’avais pas utilisé ces photos sur mon site internet à l’époque. Maintenant, je lance le service de photographie de naissance avec Les Premiers Moments et je suis retombée sur cette série. Je les trouve si belles, ces photos.

Comme j’ai dit, ma mère habite sur la Côte-Nord, donc loin de moi. Nous ne nous voyons pas assez souvent à notre goût. De la voir habiter ma profession avec autant de naturel, de grâce et de calme, me rapproche d’elle.
C’est grâce à Katie si je suis comme je suis. Indépendante, confiante, manuelle, débrouillarde et fière. C’est sa passion pour la périnatalité qui a su ouvrir les portes de la curiosité pour ma sœur et moi. Je me souviens de ma sœur, enceinte, qui me lit des passages du livre de Michel Odent, avant que je connaisse quoi que ce soit sur le sujet.
Avant les formations, les choix éclairés et les valises lourdes d’outils, accompagner pendant la naissance, c’est au départ, une façon d’être. C’est un mouvement du cœur.
Et je suis, sans aucun doute, la fille d’une doula.